« Pansy? Viens par-là » Tu t'approches de ton père un peu craintive. Tu sais que rien de bien grave ne va se passer qu'il veut juste te parler, tu n'as rien fait pour l'énerver et ta mère est présente, tu ne devrais pas t'inquiéter. « Alors, tu rentres bientôt à Poudlard, excitée? »  Te demande-t-il en posant ses yeux céruléens aux coins vaguement ridés sur toi. Tu te contentes de hocher la tête pour lui signifier que oui. Il semble satisfait et intérieurement tu pousses un soupir de soulagement. Tu ne sais pas trop où cette discussion va vous mener, où il veut en venir et avec lui tu n'aimes pas trop les surprises. Elles ont bien trop souvent été mauvaises. « C'est important que tu n'oublies pas qui tu es et ce que nous t'avons appris. » À nouveau tu hoches la tête même si tu n'as pas entièrement compris. « Que je n'entende pas que tu t'acoquines avec des ..impurs - fait-il dégouté. » Message reçu. La pureté du sang et les idéaux que les familles comme la tienne entretienne ne te sont pas inconnus loin de là. Depuis toute petite tu en entends parler, cela devient presque une religion à laquelle il faut se conformer. Les né-moldus ne seront pas tes amis, tu es quasiment née avec ce principe ancré en toi. « Ne nous fais pas honte de quelque façon que ce soit. » Tu te mords la lèvre. C'est déjà moins clair, trop vague. Qu'est-ce que tu peux et qu'est-ce que tu ne peux pas faire exactement? Le besoin de ton père de préserver votre rang dans les vingt-huit familles "sacrées" est une obsession qui te donne à toi une tâche à laquelle tu crains de ne pas être à la hauteur. Mais déjà il reprend le journal posé sur ses genoux et sembles comme oublier ta présence. Tu te retournes vers ta mère Sinistra qui te fais signe de t'approcher. Lorsque tu t'exécutes elle pose une main froide sur ta joue dans dans une tentative pour être tendre et murmure d'un ton encore plus bas que celui qu'elle utilise généralement quand elle s'écrase devant quelqu'un, c'est-à-dire quasiment tout le temps. « Fais attention à qui tu fréquentes, mais fais-toi des relations, c'est important pour les gens comme nous si nous voulons parvenir à faire quelque chose dans la vie. » Les gens comme vous. Les femmes, tu comprends au bout de quelques instants. Et elle te souris, l'air de t'avoir partagé un secret important, comme si elle venait de te donner la solution à tout. Tu hoches la tête en guise de réponse et quitte la salle de séjour plus confuse que tu n'y étais entrée. Ta mère représente les femmes de façon générale pour toi. Elle est censée être ton modèle et pourtant tu n'arrives pas à vouloir la vie de soumission qu'elle a. Ou peut-être que c'est parce que c'est à ton père qu'elle se soumet, un être que tu as du mal à faire autre chose que craindre, quelqu'un que tu ne voudrais pas avoir dans ta vie future. Ou peut-être simplement que tu aspires à plus.  Son conseil tu le gardes en tête, tu le garderas toute ta vie à Poudlard. Ta mère ne t'auras pas donné un modèle à suivre, mais elle t'auras au moins donné un bon conseil.



Dans ton lit tu dardes ton regard endormi vers le plafond alors qu'un léger craquement dans le plancher t'a sortie du sommeil. Tu n'as pas peur. Ou plutôt si. Mais tu sais ce à quoi ce bruit correspond, tu sais qui arrive et pourquoi. Et malgré la panique qui s'insinue en toi, tension irrésistible qui touche muscle après muscle de ton corps, tu sembles calme, paralysée dans ses draps. Les yeux toujours rivés sur le plafond, comme pour éviter qu'ils ne volent vers la porte et la lueur jaune de la lanterne qui s'est arrêtée derrière. Lorsque la poigné tourne, une vague d'angoisse te prend et tu es prises de soubresauts en silence, tentant de te calmer pour ne pas énerver ton visiteur. Tu ne peux t'empêcher de tourner la tête vers l'entrée alors qu'il pénètre la chambre, la tête surplombée par le halo de lumière qui émane de la bougie qu'il tient près de son visage, lui donnant l'air de l'ange qu'il n'est pas. Un sourire vient éclairer son visage plus que la lumière elle-même alors qu'il apparaît à ta vue, dans toute sa splendeur. Un sourire non cruel, ni méchant. Ton père n'est rien si ce n'est affectueux. Il ne fait rien si ce n'est que d'éduquer sa progéniture, sa fille unique comme elle doit l'être. Déçu dans un premier temps de n'avoir à remercier Sinistra que pour toi, il a vite prit son devoir de père au sérieux. Très au sérieux. Trop au sérieux. Tu oses ramener la couverture vers son cou, comme une protection que tu sais pourtant inutile. Ce n'est pas la première visite et malgré ce que tu imagines, cela ne s'arrêtera pas à cause de ton entrée à Poudlard. Et en un sens tu préfères ça, l'action, à la menace de sa présence la journée quand il te parle, à celle de son regard équivoque. Et tout en silence, Cassius Parkinson s'approche de ton lit.


C'est très vite que tu es devenue comme un meuble de la salle commune de Serpentard. Sans grande surprise tu as rejoint la maison des fourbes, imitant ton géniteur, poussée par une ambition que lui n'a pas pour toi. Tu veux te faire un nom, pour toi-même coûte que coûte et tous l'ont bien compris. Meuble tu l'es devenue par ta présence constante dans l'antre des serpents, parce qu'on ne l'imagine plus sans toi, mais la ressemblance s'arrête ici car contrairement aux canapés ou aux tapisseries on ne saurait t'oublier. Et tu t'en assures. Dès tes premiers pas tu as fait en sorte de t'imposer, de ne pas être ici la petite fille sans défense que tu es chez toi. Si certains de tes pairs ne te connaissent encore que comme la fille à la tête de bouledogue, chose que tu sais et qui n'as manqué de te faire sangloter en silence dans ton dortoir une ou deux fois, tu as fais en sorte qu'on passe à un jugement sur toi plus avisé aussi vite que possible.Tu t'es improvisée chef des premières années filles de ta maison, les menant tel un petit dictateur pour faire Merlin sait quoi. De but tu n'en as pas encore, tu veux juste t'assurer qu'on ne t'oublies pas, montrer que tu existes. Et pour cela, pour te faire apprécier, pour te faire remarquer tu uses de ta langue que tu as découverte bien acérée pour attaquer ceux de tes camarades que ta maison et ton sang t'empêchent de fréquenter. Les Gryffondors sont tes nouveaux ennemis, tu l'as accepté sans broncher, avec plaisir même, faisant d'Hermione Granger notamment ton adversaire principale. Elle a tout pour déplaire que ce soit selon les critères de ton père ou des tiens. Dans tes actes d'inimités envers les lions qui sont au final des actes de loyauté envers ta propre maison, tu t'es rapprochée des autres, de ceux qui sont comme toi, de ceux qu'on t'a recommandés. Tu n'as pas besoin de leurs noms pour savoir que c'est eux. Leur port de tête princier, leur regard sûr, l'expression dédaigneuse, tu as les mêmes; cette attitude qui est celle de ceux qui possèdent quelque endroit où ils mettent les pieds. C'est celle de ceux qui savent qu'ils ont une porte de sortie quoiqu'il arrive, qu'ils s'en sortiront quoiqu'il arrive, parce qu'ils ont maman et papa pour faire le travail pour eux. Et parmi eux, le souverain des arrogants, le maître des premières années vipères, influençable chez quelques cercles plus âgés, ton collègue de règne: Drago Malfoy.



Adolescence façon arrogance. Nouvelle adolescente en fleur dans le cercle assez fermé des sang-purs et malgré la réputation un peu obscure, secrète des Parkinson, tu avais l'occasion de côtoyer des grands noms pendant les vacances scolaires. Ca compensait un peu le fait que tu devais rentrer chez toi. Au début, ça te plaisait vraiment. Dans des moments comme ça, tu comprenais pourquoi tu étais supérieure - vous étiez supérieurs - aux sang-de-bourbes tels que Granger. Et ce même si elle était allée au bal avec Krum. Et ce même si ses dents avaient rétrécies et qu'elle était définitivement plus belle que toi. Elle ne te battait pas sur tous les plans parce qu'au final ce n'était qu'une impure, qu'une vermine. Et plus le temps passait et plus tu entendais les rumeurs quant au retour des mangemorts et du Seigneur des Ténèbres et plus tu te réjouissais de l'opportunité qui se présentait ainsi à vous, sang-purs. À vous, élite. Mais les bons côtés de ton milieu n'auraient su te faire éluder entièrement les mauvais. Leader née, tu as du t'écraser devant tout concurrent masculin, que ce soit dans ta maison, ou dans la vie. Toujours. Les garçons d'abord. Toujours toi la tête baissée devant les propos dégradants, devant des blagues sexistes, devant des attitudes révoltantes. Ton nez imparfait, et tes pommettes trop hautes, tes cheveux pas assez épais, tout ça semblait néanmoins invisible aux regards avides de tes compères souvent beaucoup plus âgés. Tout ça semblait disparaître, ne leur laissant voir que tes formes, le fait que tu étais une fille tout simplement. Un objet donc. Une poupée. Tes grandes idées en ont pris un coup. Ta fierté aussi. On ne te prends pas, on ne te prendras peut-être jamais au sérieux. Pourquoi? Parce que tu es héritière et non héritier.  Ton cynisme lui en as grandement gagné. Et peu à peu c'est avec de l'appréhension, voire la connaissance parfaite que ça se passera mal que tu te rends aux réceptions.

« Tu es plutôt charmante » Te fait-on alors que tu sens une paume moite se plaquer sur ton postérieur et que tu te redresses en forçant un sourire à déformer tes lèvres. Il fut un temps ou tu aurais rêvé d'entendre ces propos, compliments médiocres, mais qui comparé à "tête de bouledogue" était déjà beaucoup. Mais désormais tu sais à quoi t'en tenir. Tu sais que ce n'est pas sincère, ou peut-être que ça l'est parce qu'ils ne sont pas difficiles, ou peut-être qu'ils sont trop éméchés pour se rendre réellement compte de la personne à qui ils s'adressent. Tu t'écartes pour te détacher du contact non-désiré, mais tu ne dis rien. C'est inutile, tu as trop l'habitude. Au final c'est toi qui serait mal regardée si tu faisais une scène. Il est plus âgé, déjà bien établi comme langue-de-plomb alors que toi tu n'es…eh bien qu'une fille. Ca te dégoute. Dans une sphère de la société censée être supérieure, comment se fait-il que des comportements aussi bestiaux soient autorisés. Les moldus eux ont obtenu une égalité des sexes et une misogynie moins marquée depuis déjà plusieurs années, un jour tu le sauras, un jour tu te révolteras. Après un sourire poli tu tournes les talons et t'éloignes sans pouvoir réprimer la démarche féline que tu as acquise en espérant justement t'attirer ce genre de réaction. Tu aurais simplement espéré que ça soit pour toi par tes pairs et avec plus de respect. Désillusions d'enfant qui veut être belle et adulée. Tu pars te servir un autre verre comme pour tenter d'oublier cette rencontre lorsqu'arrivée près du buffet, une main se pose sur ton épaule légèrement dénudée. « Pansy qu'est-ce que tu fais ? »

Tu montres ton verre à ta mère comme si cela relevait d'une évidence. Celle-ci parait contrariée un instant mais tu ne t'en formalises pas. Après tout elle a l'habitude que tu lui montres de plus en plus que le respect que tu lui vouais plus jeune, par obligation, a disparu. Prenant elle-même un verre, Sinistra soupire avant de poser une main sur la tête ton crâne caressant tes longs cheveux bruns. Tu regrettes presque ton attitude, redevenant petite fille devant elle, petite fille qu'elle aurait du protéger depuis la naissance, mais à qui elle a failli quand tu en avais le plus besoin.

« - J'ai remarqué que tu parlais avec un des Rosier?
-  Euh oui je..c'est vrai, mais
- Ce serait une relation formidable à ajouter à ton réseau tu sais, et je t'ai toujours dit que le réseau..
- C'est la vie. Oui bien sûr.  »

Lances-tu sèchement comme pour clore cette conversation. Tu n'as pas envie d'en entendre plus sur la façon dont ta mère ferme les yeux sur des comportements aussi malsains. Comme elle a toujours fermé les yeux sur bien pire d'ailleurs. Faible femme. Si cela doit s'appliquer à quelqu'un c'est bien à elle.

Tu t'éloignes avant de dire quoique ce soit que tu pourrais regretter. Sait-on jamais, des fois qu'il vienne à l'esprit de Sinistra d'en parler à ton père. Car si d'amour et de respect tu n'en as jamais eu pour aucun, de crainte tu en as encore à revendre pour Cassius. Sur chemin des toilettes, on te pousse soudainement contre un mur, un corps pressé contre le tien, une bras tendu t'empêchant de te dégager. Tes yeux étudient ton adversaire que tu reconnais pour être un goujat parmi les autres. Un que tu as eu le courage, ou l'impatience surtout de rejeter de façon directe bien que privée. Un de ses idiots que pour un pari sûrement s'était donné pour objectif d'obtenir tes faveurs. Un de ceux peut-être qui te paraissent les plus abjectes. Soudainement paralysée par la peur à la fois qu'on te retrouve ainsi et à la fois de riposter et qu'il te fasse du mal, tu te retrouves incapable de le repousser.  Lorsque ses mains s'approchent néanmoins de tes hanches tu sens un haut-le-cœur te prendre, mais déjà tu te sens libérée. Tes yeux cherchent ce qui t'a sauvé et se posent sur un adolescent aux cheveux blonds et aux yeux de cristal. Ta reconnaissance se lit sur tes yeux avant que ta bouche ne se réveille.

« Merci Drago. » Ton sauveur. Ce n'est pas la première fois qu'il te sort d'une situation délicate, que ce soit un manque de respect évident ou une véritable agression tu le vois comme un ange gardien qui agit rarement en public, mais veille un peu sur toi. Tout du moins c'est le seul à ne pas se joindre aux autres. Et si alors que c'est son attention à lui que tu désires pourtant le plus, cela signifie qu'il ne te vois pas de cette manière, ce n'est peut-être pas plus mal puisqu'au moins tu as un allié à défaut de plus. Ton cœur d'adolescente crie contre l'injustice de ces sentiments non-réciproques, mais un jour tu seras juste reconnaissante d'avoir un ami pareil.


Le retour du mage noir tant redouté par certains, adulé par d'autres est désormais officiel. Tes parents t'ont vaguement fait part de leur opinion, mais tu sens qu'ils ne sont pas prêt à s'engager. Tu sens que tout ce qu'ils t'ont appris pendant ces années, ce n'est que du vent. Qu'ils sont trop faibles, trop lâches pour le rejoindre. L'âge ne fait pas plus a valeur d'un être que son sexe finalement. Drago, lui, par ellipses vous a déjà fait comprendre qu'il avait un certain rôle, qu'il n'était plus qu'un adolescent de seize ans étudiant à Poudlard. Qu'il était important, qu'il avait rejoint la cause en somme. Et tu l'admires. Tu ne l'envies pas pour les risques que tu es certaine que ça implique, mais tu l'admires d'être aussi impétueux, courageux, convaincu. Toi tu attends que ça passe même si tu te réjouis de ce retour, de ce que cela veut dire pour les gens comme vous. Tu attends de ne plus être une élève. Tu attends d'être digne de la tâche peut-être. Ou au contraire espères-tu que d'ici-là il n'y aura plus rien à accomplir? Ta fascination pour ton camarade préfet te suffit en tous cas pour le moment. Quelque part tu participes à travers lui. Tu montres ton camps par ton attitude envers ceux qui ont le plus à perdre par la montée du Lord au pouvoir. Si l'on te considérait méprisable avant, il n'y a plus de mot pour te décrire. Et lorsque Dumbledore mort et Drago parti, tu te retrouves en septième année dans un Poudlard régit par les mangemorts, tu te plies au régime sans broncher. Persuadée que tu aurais droit à des traitements de faveurs, tu collabores aussi bien que tu l'avais fait avec Ombrage et la Brigade Inquisitoriale. Torturer les vermines ne te sembles pas être bien difficile. Jusqu'à ce que cela devienne réel. À part tes ennemis tu ne sais prendre plaisir aux punitions qu'on te force à infliger. Et peut-être est-ce pour ça, pour ton manque de goût à la propagation du mal sans raison, que tu ne deviens pas Mangemorte. Que tu restes partisane non-engagée. Ayant perdu la protection que tu avais dans ta salle commune, tu as aussi tes propres problèmes à régler et la guerre te paraît être affaire d'adultes uniquement. Or tu repousses pour toi-même cette échéance que de grandir. Car grandir c'est affronter le monde extérieur, c'est prendre des décisions, c'est quitter un cocon qui est certes moins confortable aujourd'hui, mais préférable te semble-t-il à l'incertitude qui t'attend en dehors.

Le 2 mai 1998 est encore une date que, si tu n'oublieras jamais vraiment, tu as du mal à te remémorer. Tu te souviens, même si tu préférerais, que ce ne soit pas le cas de ton acte de lâcheté. Tu te souviens avoir proposé que l'on livre Harry Potter. Quelque part tu ne regrettes pas. Ca aurait épargné des vies, penses-tu. La tienne pour commencer. Quoique tu as survécu à ce jour funeste alors l'argument ne tient pas. L'immortel Lord lui ne peut en dire autant. Ton père qui, dans son arrogance ultime a voulu rejoindre le camp de ceux qu'il prévoyait gagnants à la dernière minute non plus ne vivra pas pour le raconter. Ta mère dans son deuil que tu soupçonnes hypocrite ne s'est pas défait de l'emprise de plus de vingt ans d'endoctrinement et tu ne lui adresses ainsi que peu la parole. Peu nombreux sont ceux qui t'ont pardonné tes propos dans la Grande salle ce 2 mai là et tu as plus d'ennemis que jamais sur le dos. Mais tu es soulagée. Tu ne saurais dire pourquoi exactement - et cela requiert que tu aies quelqu'un pour te le demander -, mais tu l'es. Comme si on t'avait enlevé un poids incommensurable, un boulet que tu trainais à la cheville. Ton père et ta mère peut-être. Ou simplement le fait d'avoir à faire un choix, puisque tu en es effectivement libérée. Tu as repris ta vie avec un poil plus d'humilité, un poil plus de liberté aussi. Comme tout le monde tu essayes de te reconstruire malgré tes pertes, que tu les déplores ou non.


Garce. Tu te retournes dans tes draps sombres pour la énième fois. Des sueurs froides traversent ton échine et tu réprimes un frisson. Je t'aurais salope. Il t'auras. Tu changes à nouveau de position semblant étouffer sous tes draps pourtant légers. Tu sens ton cœur s'emballer dans ta poitrine et tu tentes de calmer ta respiration. Il t'aura. Il t'aura? Tu as beau y avoir réfléchir longuement, pensant d'abord à une blague, puis laissant l'inquiétude s'emparer de toi, effaçant toute raison, tu ne vois pas de qui il peut s'agir. Des ennemis tu en as certes, notamment des antagonistes que tu traînes depuis Poudlard. Depuis toujours semble-t-il. Beaucoup ne t'ont pas pardonné tes actes de l'époque pour lesquels, il faut le dire, tu n'as rien fait pour te racheter. D'autres t'en veulent pour la nature de ton sang. Mais pas au point d'en venir à un tel acharnement. Pas au point d'en vouloir à ta vie. Azkaban. C'est tout ce que tu sais de lui. Il y est qu'il y reste. Penses-tu. De cette façon tu es sauve. Que sa présence en ce sombre lieu soit méritée ou non d'ailleurs. Tant que toi tu ne fais que recevoir des lettres et non pas un sort létal. Mais à la chance tu n'y crois pas vraiment. Il finira par t'avoir un jour. Un jour la dictature qui envoie les gens en prison à jamais et pour des motifs fallacieux tombera. Ou pas. Au fond tu n'en sais rien. Cette justice à laquelle tu participes de part ton rôle au Mangenmagot ne te plaît pas. Tu te l'admets parfois sur l'oreiller, lorsque le déni s'estompe un peu, juste avant que tu ne tombes de sommeil. Tu sais que ce n'est pas une justice, ça te ferais presque rire, mais tu fermes les yeux. À ta façon tu prends exemple sur ta mère et ça te crève. Tu fermes les yeux sur ton monde et tu ne le réalises qu'à moitié. Le déni est tant devenu une part intégrante de toi qu'un jour tu oublieras que c'est toi-même qui l'a appelé, désespérée d'oublier, de ne pas voir tes fautes, celles des autres et celles du monde. Cette même envie qui ta poussée à effectuer de nombreux changements sur ton corps. Il représentait trop de séquelles du passé, que ce soit ton visage que tu juges encore ingrat ou tous les endroits où des mains malvenues se sont promenées. Sorts et potions t'ont été bien utiles en effet pour « t'arranger » comme tu dis, à petite dose, mais de façon visible et permanente pour commencer ta nouvelle vie dont tu as toujours l'impression de n'être qu'au début. Tu n'as pas dépassé le stade de l'inconfort, de la confusion, de l'aveuglement qui accompagne les débuts alors que celui-ci dure depuis tes premiers pas à l'université de Wellbrug. Inconsciemment tu approches un doigt de ton nez, pour tâter ce qui reste de ce qui t'as longtemps caractérisée, à l'image de Cléopâtre, mais de façon beaucoup moins positive. Tu caresses son arrête doucement, dans un geste presque tendre et apaisant, tentant de te rappeler la personne différente que tu dois être, que tu es. Peu importe l'identité de ce prisonnier qui t'as en grippe, tu n'es plus la même, tu refuses la peur. Tu fermes les yeux et miraculeusement tu finis par trouver le sommeil.