I. 2 mai 1998

Son cou brûlait. Elle se redressa, les mains tremblantes, les jambes flageolantes, le souffle brisé par la panique, la peur et l’exténuation. Les larmes dans ses yeux lui brouillaient la vue, mais elle ne pouvait pas s’arrêter de pleurer, ses sanglots secouant sa poitrine avec ferveur. Tout n’était que flammes, ruines, et désespoir.

Lavande n’aurait jamais cru voir Poudlard de cette manière. L’endroit avait été un tel refuge, un tel sanctuaire de paix à ses yeux. C’était une maison, un chez soi, où on se sentait en sécurité, loin de tous dangers. Qu’est-ce qui pourrait bien arriver à Poudlard ? Il y avait bien eu quelques incidents au cours des années, mais Dumbledore était toujours là. Harry était toujours là. Mais soudainement, en une nuit, un en instant, ils avaient perdus Dumbledore. Et un peu plus tard, ils avaient perdus Harry, qui avait disparu dans la nature. On avait dit à Lavande qu’il cherchait un moyen de détruire Voldemort. De sauver tout le monde. Alors Lavande avait placé sa foi en lui, comme à son habitude. Mais alors qu’elle observait Poudlard brûler, elle se demandait bien comment un quelconque sauvetage miraculeux était possible à présent. Il y avait tellement de morts. Tellement de morts, partout, peuplant les corridors de pierre comme des mauvaises herbes. Ils étaient tous là, par terre, ensanglantés, immobiles, pâles, terrifiants.

La blessure de Lavande lui arracha soudainement un cri de douleur. Elle porta instinctivement sa main à son cou, plaquant ses doigts contre la chair déchirée. Ceci lui arracha un deuxième cri. Mais il n’y avait personne pour l’entendre. Il n’y avait que des cadavres autour d’elle. Elle entendait bien quelques cris, loin à l’horizon, mais sinon, il n’y avait que le crépitement des flammes, ici et là, et l’odeur de la mort.

L’esprit de Lavande voguait dans des endroits sombres. Elle était bien consciente qui lui avait donné cette blessure. Qui l’avait mordu violemment dans le cou, lui arrachant une parcelle de peau et, à la même occasion, une parcelle de son âme. Elle était bien consciente de ce que cela voulait dire. Elle avait eu Lupin, en troisième année. Elle se souvenait des cicatrices sur son visage, de la fatigue dans ses yeux, des déchirures dans ses vêtements poussiéreux. Elle savait bien qu’elle deviendrait un loup-garou. Qu’elle deviendrait un monstre. Lavande ferma les yeux, un sanglot ou deux faisant trembler son corps entier. Elle retira sa main de son cou et observa ses doigts. On ne voyait plus la couleur pâle de sa peau. On ne voyait que le sang. Lavande eu soudainement envie de vomir.

Puis quelqu’un apparut. Un élève, tout comme elle, avec son uniforme de Serdaigle tout poussiéreux. Leurs regards se croisèrent. Les yeux de l’élève, dont Lavande ne connaissait pas le nom, glissèrent jusqu’à son cou avant de remonter vers son visage. Elle remarqua qu’il avait une vilaine coupure sur la main. “Tu peux marcher ?” demanda-t’il. Lavande acquiesça doucement. “Alors viens.” Lavande suivit le Serdaigle jusque dans la Grande Salle, où les survivants étaient rassemblés. Immédiatement, elle entendit les mots qu’elle avait redouté. Harry n’était plus là. Ils l’avaient perdus. La guerre était terminée, Voldemort était détruit, mais ils avaient perdus Harry.

Quelqu’un l’approcha. “Viens, il faut te faire soigner.” Lavande suivit la sorcière, qui ne devait pas être davantage âgée qu’elle, jusqu’à un banc, et s’assit à ses côtés. La jeune femme apposa une serviette d’eau froide sur sa blessure. Lavande hurla de douleur. Étrangement, elle ne s’entendit pas crier. Son cri avait rejoint tant d’autres, qui pleuraient et hurlaient, pour Harry, pour leurs familles, pour Poudlard, pour leurs amis, pour le monde sorcier. Lavande se surpris à penser à Drago Malefoy. Elle ne lui avait jamais vraiment adressé la parole, et c’était étrange de soudainement penser à lui, en cet instant précis. Et pourtant, Drago Malefoy lui fournissait toutes les réponses dont elle avait besoin. La réponse était simple, en fait.

Le sang. Le sang était la réponse. La raison pour laquelle tout cela s’était déroulé, depuis le tout début, depuis la création de Poudlard, c’était toujours à cause du sang. C’était toujours parce que les sang-purs désiraient avoir le pouvoir absolu. C’était toujours parce que les sang-purs ne supportaient pas ceux qui avait un peu de Moldu dans leurs veines. C’était la simple explication. Lavande serra les poings tandis que la jeune femme épongeait le sang dans son cou. Ils devaient payer, tous.

II. 9 juillet 1998

Lavande repensait à ses parents. Elle repensait à la chevelure dorée de sa mère, qui était si différente de la sienne. Elle repensait à la petite étincelle brillante dans les yeux de son père. Elle repensait à la douceur des jolies robes de sa petite soeur. Comique, comment des petites choses si banales prennent autant d’importance au fil du temps. Cela ne faisait que quelques mois qu’elle avait perdu sa famille, mais ça semblait être une éternité.

Tout le monde avait commencé à tourner la page. Beaucoup de Mangemorts étaient à Azkaban, Poudlard était en reconstruction. Tout le monde faisait le deuil des pertes qu’ils avaient subis. Le monde sorcier avait été en chagrin pendant longtemps, mais les gens semblaient vouloir passer à autre chose. Pas à oublier, certainement pas, mais au moins à tenter de reprendre une vie normale.

Lavande en était incapable. Elle était aveuglée par la colère et un désir brûlant de se venger.  Ses mains cherchaient constamment, avidement à faire ressentir la souffrance à ceux qui avaient tout détruit du monde. Les sang-purs. C’était tous eux, qui voulaient tant la suprématie sur le reste de la société magique. C’était eux qui avaient déclenchés une guerre, s’accrochant à un leader aveugle et fou comme à des sangsues. C’était de leur faute, s’il y avait eu tant de mort, tant de souffrance. Lavande croyait que c’était à leur tour d’avoir mal.

Elle avait prononcé les formules magiques sans vraiment les comprendre. Mais voir ces gens se tortiller de douleur à ses pieds, s’effondre sur le ciment froid en soufflant un dernier cri de surprise, ça lui apportait de la satisfaction. Ça assouvissait sa soif de vengeance. Et c’est tout ce qui importait, après tout. Lavande n’était plus Lavande, elle avait fait place à une créature vengeresse assoiffée de sang-purs. Son esprit tourbillonnait sans cesse et tombait dans un abysse sombre et glacial, ne menant strictement nul part sinon que plus loin dans ce tunnel de noirceur dans lequel elle était prisonnière depuis des mois.

C’était inévitable, qu’un jour, on la prenne par le bras et qu’on l’enferme. Évidemment, qu’elle allait être déclarée démente, qu’elle allait être vue comme aux prises d’une folie meurtrière, et qu’on allait la placer dans un endroit sécuritaire, où elle ne pourrait plus faire de mal à personne. Lavande ne s’était pas débattue. Sa tête était tombée hors de ses épaules et avait rejoint son coeur. Elle ne suivait que son coeur. Plus de logique, plus de bon sens, seulement l’émotion pure et crue.

Lavande repensait à ses parents, tandis qu’on la traînait à travers les corridors interminables de Saint-Mangouste. Elle repensait aux histoires de sa mère, aux mains rugueuses de son père qui lui lave les cheveux, à la voix douce de sa petite soeur. Et si elle ne repartait jamais de cet endroit ? Au moins, elle les auraient vengés. Et à cet instant précis, c’était tout ce qui lui importait.

III. 15 mai 2008

Dans la chambre, on n’entendait que le son de la plume sur le papier. Elle allait et venait, en petits gestes secs, l’encre perçant presque les feuilles fragiles. De Lavande, on ne voyait qu’une masse de cheveux bruns, légèrement entremêlés. Ils entouraient son visage telle une carapace. Elle griffonnait, elle griffonnait. Puis soudainement, elle arrêta, jetant la plume plus loin sur le bureau, qui atterrit brutalement puis roula jusqu’à tomber sur le sol. Lavande soupira, levant les yeux vers le mur blanc d’oeuf devant elle. À la regarder, on aurait crû un fantôme, avec son teint pâle et ses yeux vagues.

Puis, la porte s’ouvrit. Lavande se retourna, stupéfaite de recevoir une quelconque visite. Puis, en apercevant la silhouette et la tignasse familière de son seul ami, elle eut presque un sourire. “Oh, Neville, c’est toi.” Il lui sourit. Lui en était toujours capable. Elle, ça faisait des années qu’elle avait essayé. “Salut, Lavande. Comment vas-tu ?” “Ça va.”

Lavande sentit son coeur accélérer. Les visites de Neville étaient toujours les moments les plus heureux qu’elle vivait. Il pointa le livre déposé sur le bureau, juste à côté de ses mains. “Tu dessines toujours dans tes livres ?” Elle entrouvrit les lèvres, tournant son regard vers le livre. Ses lignes de texte disparaissaient derrière des esquisses, toutes plus étranges les unes que les autres. On voyait un visage, puis peut-être un arbre, et ici un animal ou des feux d’artifice. “Oui. Ils ne veulent pas me donner de papier, alors c’est ce qui arrive” déclara Lavande. C’était vrai. Elle demandait toujours à avoir du papier, mais les infirmières s’obstinaient à n’apporter que de l’encre, et “d’oublier le parchemin”. Lavande ne les croyait pas une seule seconde. C’était probablement une sorte de complot.

Lavande se tourna vers Neville à nouveau. À sa vue, elle se sentit déjà mieux. “Des nouvelles ?” Neville haussa des sourcils, et prit le temps de venir s’asseoir avant de prendre la parole. Lavande l’observa, le souffle court. Neville était presque le seul contact qu’elle avait avec l’extérieur. Il lui disait ce qui se déroulait dans le monde sorcier, à son grand bonheur. Pour quelle raison, Lavande ne l’avait jamais vraiment su. Mais elle l’appréciait sincèrement. “Aucune de bonne” fut la réponse de Neville. “Raconte-moi.”

Neville eut un soupir. “Tu te souviens de l’attaque de Tinworth ? Et Wizarding Lane ?” Lavande acquiesça. Bien sûr qu’elle s’en souvenait. Elle se souvenait de tout. Elle devait se souvenir de tôt. “Ils ont trouvé les coupables ?” Le regard que Neville lui lança expliqua tout. “Ils ont abandonnés les recherches.” “Oh.” Lavande se mordilla la lèvre, sentant son esprit s’envoler ailleurs. Elle repensa aux moments où Neville lui avait raconté pour les deux attaques. Des familles moldus. Quelques morts, un ou deux blessés. Mai 2007, le 13 et le 20. Oui, elle se souvenait très bien.

“T’es sûre que ça va ?” Elle acquiesça lentement. “Oui.” Elle repensait toujours au 13 et 20 mai 2007. Aux deux familles moldus. Des familles massacrées. Ça, elle y connaissait quelque chose. “Lavande ?” Elle retourna sur terre, levant des yeux perdus vers Neville, qui fronçait des sourcils. “Quoi ? Excuse-moi.” Ce que Lavande aimait de Neville, c’est qu’il ne la regardait jamais avec pitié. Parfois, les gens lui jetaient des regards étranges, un mélange d’inquiétude, de pitié et de colère. Elle détestait ce genre de regards. Neville, lui, était Neville. “Ton prochain cycle, il est quand ?” “Oh. 11 jours” répondit Lavande. “Tu te sens comment ?” “Comme d’habitude.” “Je vais m’assurer qu’ils te donnent la potion cette fois.” “C’est gentil.” Oui, c’était gentil. Neville était toujours gentil. Il était le seul à s’occuper d’elle. Il était le seule à la visiter, enfin presque.

“Et toi, Neville, comment vas-tu ?” La question sembla le prendre au dépourvu. Il haussa des épaules. “Rien de nouveau, mais rien de grave.” Lavande acquiesça. “C’est bien. Tu me le dirais, si quelque chose n’allait pas ? Je suis toujours là à te raconter mes problèmes. Tu peux en faire autant.” Neville eut un sourire. “Je sais, Lavande.” Elle eut un petit sourire, faible, presque invisible. “C’est bien.”

Lavande ferma les yeux. La tête lui tournait. Le monde entier semblait tourner comme une aiguille d’horloge. Tic, tac, tic, tac, tic – “Tu sais, j’ai compté” déclara Lavande à Neville. Il lui jeta un regard interrogateur. “Tu as compté quoi ?” “Le nombre de jours depuis que je suis là.” Lavande voyait le malaise dans le visage de son ami. Mais elle était déjà loin, perdue dans ses pensées, voguant dans son esprit souffrant. “Dans 2 mois, ça fera 10 ans. 10 ans, Neville.” Il passa une main sur son visage. “Je ne sais pas quoi te dire, Lavande.”

Un son sortit de la gorge de Lavande. C’était comme un rire, sauf qu’il n’y avait aucune joie à l’intérieur. C’était un rire vide, vide de bonheur, vide de sens. “J’aimerais qu’il y ait quelque chose à dire. Tu sais, ça fait 10 ans que je suis ici, et je ne crois pas que je vais en sortir.” Elle entendit Neville soupirer. “Ne dis pas de chose pareille.” Lavande planta son regard dans le sien. “Ne me raconte pas de conneries. Je n’ai pas été agressive depuis 3 ans. Mon dernier incident ? Il remonte à 2 ans. J’ai été irréprochable, Neville. Et pourtant, je suis encore là. Ils ne veulent pas que je sorte” déclara-t’elle en un souffle, le ton froid, cruel.

“Ne sois pas si –” “Paranoïaque ? Neville, je ne suis pas folle. Je sais que tu le sais. Je suis là. Mais pour eux, je serai toujours la pauvre fille démente, psychotique et meurtrière. Je suis comme en prison. Neville, je suis lucide, je ne suis pas dingue, je sais que tu le sais, mais si je reste ici encore longtemps… crois-moi, je vais le devenir. C’est inévitable.” Un autre soupir. Lavande sentait ses lèvres trembler, ses yeux brûler. Ses larmes étaient comme des lames de rasoir. “Lavande – je suis désolé.” “Ne le sois pas. Tu es la seule chose qui me donne un peu de bonheur.”

Toc, toc, toc. Trois coups à la porte. Neville soupira de nouveau. Lavande comptait trois, peut-être quatre fois déjà. “Je dois y aller” dit-il. “D’accord. Mais avant, promets-moi une chose.” “Bien sûr.”

“Quand je serai folle, quand je le serai vraiment – viendras-tu toujours me visiter ?”

IV. 11 mars 2010

Lavande virevoltait. Elle était dans le ciel, tel un oiseau, faisant des pirouettes et des galipettes et des cabrioles, inspirant l’odeur des nuages et du tonnerre incertain, étendant les bras des deux côtés de son corps pour faciliter le vol. Elle voyait les champs et les bourgeons et les enfants courant dans les cours d’école, elle voyait les voitures et les baisers et les larmes. Elle entendait les rires et les sanglots et les hurlements, elle entendait les crac des transplanages et les formules magiques marmonnées entre les dents.

Lavande était libre.

Soudainement, elle n’était plus entre ces quatre murs, ces quatre murs froids et géants et effrayants, mais elle était dans le ciel, partout et nulle part à la fois, libre d’être où elle le voulait, libre d’être avec qui elle le voulait, libre d’être qui elle le voulait. Soudainement, elle était pleine d’allégresse, de sérénité et d’ambition. Soudainement, elle n’était plus le fantôme d’elle-même, enfermée dans une pièce qui ressemblait en tous points à une cellule à ses yeux depuis plus d’une décennie. Non, soudainement, elle était humaine à nouveau, femme à nouveau, Lavande à nouveau.

Mais elle fut obligée d’ouvrir les yeux alors que la chaise s’arrêta de tourner. Elle les referma aussitôt, prise d’un vertige. Une infirmière lui avait apporté un nouveau siège pour son petit bureau. Une chaise tournante, lui avait-elle dit. Lavande avait froncé des sourcils, mais lorsqu’elle l’essaya, et se donna un élan d’un geste ferme, plaçant son corps entier, recroquevillé, petit, sur le siège, elle se mit à tournoyer et tournoyer, et elle ferma doucement les paupières et se laissa emporter. Mais ce n’était toujours que temporaire. Toujours, inévitablement, elle revenait à la réalité.

Elle posa ses pieds sur le sol et, doucement, se leva. Étouffant un bâillement, Lavande s’avança vers la petite fenêtre qui la séparait du monde extérieur. Ce serait tellement facile de s’évader, après tout. Briser la grille entourant la fenêtre serait un jeu d’enfant, et à ce moment il ne suffirait que se glisser sur la rambarde et transplaner. Mais elle était surveillée, à tout moment, à chaque instant, des yeux sournois se posaient sur elle pour s’assurer qu’elle ne faisait rien de mal. Et où irait-elle, après tout ? Pour faire quoi ? Rejoindre l’ordre, retourner à ses vieilles occupations, être traquée telle une criminelle, seulement pour être arrêtée et renvoyée dans cette même chambre ? Non, Lavande ne se permettrait pas une telle perte de temps.

Soupirant, elle marcha jusqu’à son lit et s’étendit, le dos contre le mur. Étirant le bras, elle attrapa le livre qui traînait sur sa table de nuit ainsi que sa plume et son encre, puis recommença à griffonner. C’était son dix-huitième plan d’évasion, peut-être plus. Il était farfelu, infaisable, mais Lavande aimait croire à sa possibilité. C’était sa chose préférée à faire, planifier son évasion. Au départ, les médecins s’inquiétaient, mais, voyant bien qu’elle n’avait jamais fait d’essai, l’avait laissée faire. “Si ça l’amuse”, avaient-ils dit. Après tout, comme disait Lavande, quel était l’intérêt d’être en prison si on ne planifiait pas son évasion ?

La porte de sa chambre s’ouvrit. L’infirmière y entra, emmenant son repas habituel sur son petit chariot dont la roue droite arrière émettait un petit couinement qui agressait violemment Lavande. Grognant derrière ses dents, elle ne dit cependant rien, car l’infirmière avait placée une petite radio sur le chariot, qui jouait juste assez fort pour que Lavande entende tout.

Ministre. Sang-Purs. Guerre.

Ce furent les trois mots qu’elle entendit.

“Bonjour, Lavande, vous –“ “Chut” répliqua-t’elle immédiatement, faisant taire l’infirmière, qui la toisa d’un air mauvais. “Vous pouvez monter le son ?” demanda-t’elle plus poliment. La jeune femme acquiesça, lui adressant un regard fatigué tandis qu’elle préparait son repas. “Voici donc le discours que le Ministre a prononcé, hier” annonça la voix à la radio. La voix familière du Ministre Willbrook s’infiltra dans le petit haut parleur de la radio. Lavande écouta attentivement, ignorant totalement l’infirmière qui s’affairait autour d’elle. Elle écouta le discours du Ministre Willbrook. Elle entendit chaque mot comme s’il l’avait murmuré à son oreille. Le tout lui fit l’effet d’une bombe à retardement. C’était arrivé. La guerre contre les Sang-Purs était déclarée. Le destin de Lavande n’était plus sans espoir. Plus rien n’était sans espoir à présent. Il y avait quelque chose pour elle, quelque part.

Pour la première fois depuis près de 13 ans, Lavande souria.