Ayden était un homme très appliqué dans son travail. Très perspicace et intelligent, il avait toujours été un atout clé du bureau des aurors, car il avait une facilité déconcertante à élucider les mystères, et traquer les mangemorts, trouver les indices de leur présence, interroger les passants et découvrir la faille, était sa spécialité. En réalité, depuis le meurtre de sa femme et de sa fille, tuées de la main d'un sang-pur haineux, il s'enfermait dans tout ce qui lui restait : son travail. Chaque jour, il s'investissait et s'il profitait de ses congés, il ne pouvait s'empêcher de penser à toute cette vermine encore libre, à l'extérieur, tentant de se cacher dans un endroit qu'il n'avait pas localisé. Pas encore localisé. Car il en avait la certitude, il finirait pas le trouver. Car il finissait toujours par trouver, avec de la détermination et de l'acharnement. C'était deux de ses traits de caractère principaux. Il n'abandonnait jamais. Surtout lorsqu'il s'agissait de l'enquête de la mort de Kate et Lily, qu'il menait depuis cinq ans déjà, sans grands résultats. Il avait eu une période très difficile suite à cette évènement. Il s'était mis à fumé, devenait très instable, moralement, sentimentalement. Sombrait lentement en dépression, et chaque instant devenait une occasion d'extérioriser cette colère, cette rage et cette tristesse débordante, incontrôlable, qui demeuraient en lui. Indéniablement, il avait sûrement passé les deux années les plus difficiles de sa vie, jusqu'à présent. Le doux visage de sa défunte femme hantait ses pensées chaque nuit, il revoyait sa fille, âgée de six mois lorsque le sort mortel l'avait touché en pleine poitrine, dans son berceau, situé au fond de cette chambre aux murs recouverts de tapisserie colorée. Ils étaient si heureux, jeunes parents épanouis. Ayden gagnait assez d'argent pour subvenir aux besoins de la petite famille, venant d'être promu au titre d'auror, et Kate était une talentueuse chroniqueuse pour Sorcière Hebdo depuis quelques temps déjà. Un bel avenir s'annonçait. Ils avaient tout pour être heureux.
Ayden entra dans le grand hall de l'hôpital. Il s'attarda quelques instants au rez-de-chaussée, prenant soin d'explorer chaque recoin de la vaste pièce. Il recherchait des informations concernant un sang-pur en fuite, autant pour le compte du bureau des aurors que pour le nouvel Ordre du Phénix, qu'il avait rejoint cinq ans auparavant, aveuglé par le désir de vengence, il suivait le Ministre aveuglément. Et des pistes l'orientaient vers Ste Mangouste l'hôpital sorcier. D'après ce qu'il tenait, le Mangemort en question aurait fait un court passage par le bâtiment, et il se rendait sur le terrain pour interroger les employés. Il ne savait pas vraiment pas où commencer. Pourquoi un Mangemort en fuite se rendrait-il à Ste Mangouste ? Pour voler des potions ? Pour se faire soigner, sous une autre identité ? Pour rendre visite à quelqu'un ? Il élimina la dernière supposition, c'était bien trop dangereux pour des personnes recherchées comme eux de se dévoiler dans un lieu sorcier aussi fréquenté. Certes, pas autant que la Ministère, mais Ste Mangouste faisait parti des établissements magiques et plus populaires, et le seul hôpital sorcier londonien. Il monta quelques étages en ascenseurs, laissait trainer ses oreilles dans les conversations, questionnait quelques médicomages qu'il croisait dans les couloirs. En vain, après une heure de recherche, il n'avait aucune nouvelle information, et bredouille, déçu de ne pas pouvoir faire avancer l'enquête avec ce qu'il pensait comme un véritable espoir, il s'apprêtait à quitter les lieux. Il surprit une discussion qui lui fit rebrousser chemin. « J'ai entendu dire que Lavande Brown, patiente chambre deux cent trois, avait tenté de quitter l'hôpital ? » Ayden fronça les sourcils. Il connaissait Lavande. Dans leur jeunesse, ils avaient été de bons alliés après la bataille de Poudlard, laissant libre court à leur haine partagée contre les sang-purs. Ils les avaient insultés, rabaissés, tapés. Ils s'étaient vengés de tout le mal qu'on leur avait fait, mais Lavande était allée bien plus loin encore. Elle avait commis l'acte irréparable, l'acte qui aurait pu lui assurer un allé direct à Azkaban. Elle avait utilisé ce sortilège impardonnable, elle avait osé. Elle avait tué, sans pitié. Et Ayden n'avait pas compris. Il existait des peines bien plus douloureuses que la mort. Au fond, il prouvait par ce raisonnement qu'il voulait voir souffrir les anciens partisans du Lord, il prouvait qu'il n'avait que faire de cette chaire humaine sur leur peau, il voulait les rabaisser, les déshumaniser pour les ramener à l'état d'objet, exactement comme ils l'avaient fait, pour eux, nés-moldu. Chacun son tour. La mort n'était pas un châtiment assez long, assez douloureux, pour des criminels. Il se dirigea à nouveau vers l'ascenseur, appuya sans vraiment réfléchir sur le bouton indiquant le chiffre cinq. Il suivait son instinct, ne pensait à rien. Plus de dix ans qu'ils ne s'étaient pas revus. Aucune nouvelle. Comment allait-elle réagir ? Chambre deux cent trois. Il toqua. Respira. Et la poignée s'abaissa.
Sujet: Re: ≈ i want to shelter you but with the beast inside. (l/a) Ven 21 Mar - 17:54
don't want to hide the truth
ayden ∞ lavande
Le vent qui siffle dehors. La pluie tombant raidement sur les fenêtres, obsurcissant les vitraux colorés. Le feu qui crépite dans la cheminée. Les plumes grattant lentement les parchemins. Les soupirs des étudiants. Les pages de livres qui tournent et retournent. Les conversations murmurées à voix basse. Le rouge des tapis et tapisseries, des fauteuils et des cravates. L’or des foulards et du feu, et des effigies et des cadres de tableaux. La salle commune, rarement aussi silencieuse, l’entourant familièrement. C’était le temps des BUSES après tout. Les rouges et ors étudiaient, ou du moins ils essayaient, ils conversaient, d’Ombrage et de Dumbledore. Et elle, le regard perdu dans les flammes, rêvassant à sa vie future et à un charmant jeune homme roux. La vie, si simple, si facile, si agréable. Poudlard ne se terminerait jamais. Cette tranquilité ne pouvait pas s’effacer, elle ne pouvait pas disparaître. Ce serait pour toujours. Pour –
Lavande ouvrit les yeux. Les briques chaleureuses de la salle commune avaient disparues, laissant place à un plafond d’un blanc ennuyeux et froid. Laissant échapper un soupir, la jeune femme referma les yeux, espérant pouvoir se rendormir et ainsi replonger dans ses souvenirs. Elle rêvait toujours à Poudlard. Dans ses rêves, elle était paisible, elle était en paix. La réalité, cruelle et tapageuse n’existait plus. Elle était de nouveau jeune, ambitieuse, rêveuse, n’ayant que pour plus gros problème l’étude de ses livres de Sortilèges et de ses cartes du ciel du professeur Sinistra. Mais Lavande ne réussit pas à se rendormir. Soupirant doucement, rouvrant les yeux, elle se redressa dans son petit lit qui couina discrètement. Se frottant les yeux, Lavande n’avait qu’une seule envie : que cette journée soit sans drame, sans événement particulier, qu’elle passe vite, sans incident, pour qu’elle puisse rapidement retourner se coucher dès que la noirceur eut envahi sa petite chambre. Elle voulait retourner à Poudlard – elle voulait s’endormir pour pouvoir se réveiller dans un monde meilleur que le sien.
L’infirmière lui apporta ses médicaments habituels quelques heures plus tard, après qu’elle ait pris son petit déjeûner. Elle en avait plus que d’habitude, cette fois-là, mais lorsqu’elle posa des questions, la jeune femme l’ignora comme on ignore un bibelot de décoration et repartit faire sa ronde. Lavande se sentit épuisée. Elle prit ses cachets, avala un grand verre d’eau. Certainement, c’était à cause de la veille. Lavande avait pris comme hobby, depuis son arrivée à Saint-Mangouste, de planifier des évasions. Jamais elle en avait essayé aucune, jusqu’à ce jour-là. Elle était dans la salle commune, dans la lune, pensant à ce qui se passait au-dehors, à quand Neville allait-il lui rendre visite, lorsqu’elle avait tourné la tête et qu’elle avait vu la porte ouverte. Elle était là, grande ouverte, disponible, l’appelant à grands cris. Alors Lavande, se disant que ça valait le coup d’essayer, marcha jusqu’à la porte et la franchit, quittant ainsi l’aile de l’hôpital dans lequel elle séjournait depuis plus d’une décennie. Personne ne l’arrêta.
Enfin, personne jusqu’à l’ascenseur. On la remis dans sa chambre, doucement, sans panique, puisque Lavande n’avait pas résisté. Elle se dit, une fois dans son lit à nouveau, que ça avait valu le coup d’essayer, en effet. Alors sans doute était-ce pour cela qu’on lui donnait plus de médicaments. Pour la garder tranquille. Pour chasser les idées folles d’une possibilité d’évasion. Mais ce que le personnel ignorait, c’était que Lavande avait toute sa tête, du moins la majeure partie, et qu’elle savait très bien qu’elle resterait ici pour les reste de ses jours, à moins d’un miracle.
Une heure plus tard, Lavande leva le nez de son livre lorsqu’on cogna à sa porte. Elle attendit. Ses seuls visiteurs étaient les infirmières et Neville. Les infirmières ne cognaient jamais, et Neville rentrait de lui-même après quelques secondes. Mais les secondes passèrent, et la poignée ne bougea pas d’un cil. Lavande fronça des sourcils. Ce n’était pas normal. Qui pouvait bien être de l’autre côté de la porte ? Jamais, elle n’avait de visiteurs. Jamais personne n’attendait qu’elle vienne ouvrir la porte. Confuse, inquiète, l’esprit embrouillé par les médicaments de la matinée, Lavande posa son livre gribouillé d’esquisses étranges et se leva de son lit. Elle approcha de la porte, et posa la main sur la poignée. Elle tourna la poignée. Elle hésita. Puis elle ouvrit la porte, lentement, légèrement, ne laissant même pas assez de place pour qu’une elfe de maison rentre dans la pièce. Ses yeux se levèrent vers l’homme, déposant son regard dans le sien.
Lavande ne le reconnut pas immédiatement. Après tout, ça faisait plus de 10 ans. Elle le scruta, des cheveux aux pieds, de la barbe aux souliers. "Qu’est-ce que vous vou-" Elle s’arrêta, la voix tremblante, remarquant les yeux. Oui, elle connaissait ces yeux. Elle les connaissaient très bien. Son coeur fit un, deux, trois tours avant de se remettre à battre. C’était impossible. Il l’avait oublié. C’était la seule explication. Ayden avait oublié Lavande, Ayden n’était pas devant elle. Et pourtant, il l’était, et Lavande eut soudain le souffle court. Reculant d’un pas, laissant la porte ouverte, elle baissa les yeux, cherchant frénétiquement du regard quelque chose d’invisible. C’était les médicaments, ça y est, ils y étaient arrivés, ils l’avaient rendu dingue. Après tout, c’était la seule explication. Ayden l’avait abandonnée. Il n’était pas là. "Je ne -" Elle s’arrêta de nouveau, reculant encore jusqu’à percuter le mur derrière elle. Elle releva les yeux, retombant sur le visage étranger et familier à la fois, et les rebaissa en constatant qu’il était toujours là. Lavande ne comprenait pas. La confusion envahissait son esprit. Ayden ne pouvait pas être là. Ayden, le juste, le beau, le passionné, son complice, son ami, cet homme l’avait abandonnée comme tous les autres.
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